Le métier de cristallier à Chamonix consiste à rechercher des cristaux naturels de roche dans la haute montagne afin d’en faire le commerce. La richesse qu’offre le massif du Mont-Blanc a fait de la ville un des hauts lieux de la minéralogie dans le monde. Encore aujourd’hui, les chasseurs de cristaux sont nombreux à tenter leur chance pour décrocher le gros lot. Découvrez l’histoire de cette profession hors du commun et son évolution dans le temps. Vous allez être surpris !

L’histoire du métier de cristallier à Chamonix

Le métier de cristallier ou chasseur de cristaux est connu dans les Alpes depuis très longtemps. La profession fait l’objet d’une mention dans l’ouvrage Peri lithon de Théophraste, qui remonte à l’Antiquité.

Au XVIIème siècle, les cristaux sont recherchés pour être vendus aux tailleries dans les grandes villes (Paris, Genève, Milan…) ou revendus à des touristes anglais. Les massifs du Mont-Blanc fournissent beaucoup de cristaux dont du quartz et de l’anatase, un minéral très rare utilisé au Moyen-Age.

Ensuite, à la fin du XVIIIème siècle, les premiers riches collectionneurs achètent les plus belles pierres. Le métier de cristallier à Chamonix n’est pas de tout repos. Il s’agit d’une activité dangereuse qui nécessite de très bonnes aptitudes physiques. Il faut aussi bien connaître la montagne et ses dangers. Ce sont ces capacités que Jacques Balmat, cristallier à Chamonix, utilisera pour réussir l’ascension du Mont-Blanc le 8 août 1786. Généralement, ce sont des guides de haute montagne qui tombent un jour sur un four. On désigne par ce terme les fentes dans le granite qui abritent les cristaux.

Puis, au XIXème siècle, la concurrence devient très rude. Les cristalliers des Alpes perdent le marché des tailleries. Le recours à l’explosif se démocratise pour ouvrir les fours à cristaux.

Enfin, la pratique reprend en 1960 sous l’impulsion de plusieurs guides de haute montagne dont Roger Fournier. Bon alpiniste, il fera de remarquables découvertes dans des fours jugés inaccessibles. Son fils, Eric Fournier, lui aussi cristallier, est aujourd’hui maire de Chamonix.

La réglementation autour du métier de cristallier à Chamonix

Le métier de cristallier à Chamonix est une activité qui tombe sous le coup de la loi. Le Code Civil stipule que le sous-sol et tout ce qu’il contient, jusqu’à une certaine profondeur, appartient au propriétaire du sol. Ainsi, la ville de Chamonix a durci le ton. Depuis août 2008, toute personne qui souhaite faire la chasse aux cristaux doit faire une déclaration préalable à la mairie. A renouveler chaque année, elle implique signature et respect de la charte. Cette démarche s’inscrit dans la nécessité de préserver le patrimoine minéralogique du massif du Mont-Blanc.

D’abord, la mairie ne tolère que la recherche traditionnelle des cristaux de faible dimension. Le recours à l’explosif pour l’extraction est interdit, au même titre que l’utilisation d’un véhicule pour le transport. Rien ne doit porter atteinte à l’état ou à l’aspect du site classé. Par ailleurs, en cas de vente, le cristallier doit présenter les pièces d’intérêt scientifique au comité de pilotage du musée des cristaux de Chamonix. Et ce, afin qu’il puisse éventuellement acquérir une ou plusieurs pièces dans le but de sauvegarder le patrimoine local.

Recherche de cristaux à Chamonix : la ruée vers l’or

En 2020, une soixantaine de candidats se sont présentés à la mairie de Chamonix. Sans véritablement embrasser le métier de cristallier, beaucoup espèrent une ruée vers l’or. Les chasseurs s’inspirent de la grand découverte de l’ethnologue Christophe Peray en 2006. Dans l’aiguille verte du massif du Mont-Blanc, l’homme a trouvé une fluorine rouge de 5,1 kg. Classée bien culturel d’intérêt patrimonial majeur, elle a été achetée 250 000 euros par le Ministère de la Culture. Aujourd’hui, il est possible de l’admirer au Museum d’Histoire naturelle.

Nombreux sont ceux qui pratiquent cette activité ancestrale pour dénicher la perle rare : épidote, brookite, azurite, quartz… Et ce, malgré le danger. En effet, le métier de cristallier à Chamonix comporte des risques. En général, les cristaux se trouvent dans des zones de haute montagne fissurées. La montagne se délite pendant que le réchauffement climatique accentue les chutes de pierre. Effectivement, le dégel du permafrost fragilise davantage la roche.

Le métier de cristallier à Chamonix : en quoi consiste-t-il réellement ?

Pratiquer le métier de cristallier à Chamonix comporte des risques. Pourtant, il s’agit d’une activité délicate. La profession n’a rien à voir avec un travail de forçat. Voici les différentes étapes :

  • D’abord, le chasseur de cristaux observe les faces à la jumelle. Il repère le quartz qui contraste avec le granite.
  • Ensuite, une fois le four repéré, le cristallier dégèle l’entrée de la cavité. Pour cela, il utilise des petites lampes à souder, de petits radiateurs ou du sel.
  • Et pour ne pas abîmer les pièces, il emploie des outils délicats tels que des râteaux d’enfants en plastique ou des aiguilles à tricoter. Avec, il gratte la terre.
  • Enfin, une fois toute les pièces dégagées du four, le cristallier les enroule dans du papier bulle ou journal pour le voyage jusqu’en bas.